La nouvelle est tombée quelques semaines après la rentrée dans un Conseil d’Administration extraordinaire : « le lycée Mounier doit être démoli et fermé en fin d’année scolaire ». La conseillère régionale PS en charge des lycées venait à cette occasion pour la première fois à Mounier depuis son élection, alors que ce lycée sans travaux depuis des lustres avait déjà été l’objet d’une alerte au printemps qui avait entrainé la fermeture partielle d’une aile et le transfert de 5 classes dans des algécos.
Cette décision serait motivée par des rapports d’expertise commandés par la Région. J’ai transmis ces rapports à des spécialistes des bâtiments et des sols à l’université. Leur analyse est claire : il y a un gouffre entre les données objectives (fissures sous contrôle qui ne travaillent pas) et les conclusions préconisant la destruction des bâtiments qui ne peuvent être réhabilités. À aucun moment, les experts ne disent cependant qu’il faut les évacuer.
Alors pourquoi cette décision subite qui n’est pas motivée par des donnés scientifiques ?
La qualité des enseignements dispensés, la variété des filières qui attirent de nombreux lycéens au delà du secteur scolaire des quartiers sud ne sont pas en cause. Mounier a même eu des résultats au bac meilleurs que des lycées plus réputés dont certains du centre ville de Grenoble. La question du lycée en trop dans l’agglomération revient fréquemment, mais d’une part ce n’est pas un lycée qui aujourd’hui accueille plus de 800 élèves qu’il faudrait fermer en premier, mais plutôt un petit lycée de 400 lycéens comme il en existe à Grenoble. Le rectorat reconnaît que ce serait un mauvais choix. Par ailleurs la population de Grenoble augmente et beaucoup de jeunes vont arriver au lycée 10-15 ans après l’emménagement de jeunes couples dans de nouveaux quartiers comme Vigny-Musset.
Alors quelle peut être la motivation réelle de cette décision ? S’agit-il d’une économie substantielle de la Région avant de boucler son budget ? En effet la réhabilitation de Mounier était inscrite en deux tranches de 20 millions d’euros. Avec 40 millions d’euros, la Région reconnaît que l’on peut construire un lycée neuf. Mais le silence de la droite sur cette question malgré la large mobilisation qu’elle entraine peut laisser penser à une opération immobilière sur ce terrain idéalement placé à 3 stations de tram du centre ville. Si tel était le cas, le PS se tirerait vraiment une balle dans le pied pour les prochaines échéances électorales à venir. Pourtant cela est à craindre avec un adjoint à l’urbanisme à Grenoble ancien agent immobilier et les sous-entendus du maire qui a laissé échappé sur France Inter : « Mounier pourra être reconstruit.. éventuellement. » Où sont passés les projets du maire de lycée Charpak et d’internat d’excellence ?