Turquie : témoignage des violences du 15 juin

Manifestation contre la terreur en Turquie- Grenoble 15 juin 2013Quelques heures après un rassemblement et une manifestation de solidarité de plusieurs centaines de grenoblois et grenobloises ce samedi, une terrible répression s’est abattue sur les manifestants pacifiques qui demandent de préserver le parc central Gezi à Istanbul.

Pour une fois, je me fais le porte-parole d’un témoin pour retranscrire l’horreur de cette répression en pensant aux militants rouges et verts que j’ai connus là-bas lors du Forum Social Européen de 2010 et qui sont à coup sûr parmi les occupants du parc.

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Tout a basculé à Taksim hier soir
Hier soir la guerre a été déclenchée par la police, je suis un témoin direct puisque j’étais sur place.
La violence démesurée de la police a fait des centaines de blessés, le parc a été évacué de force avec gaz, jet d’eau contenant des produits chimiques causant des brûlures sur la peau, les balles en plastiques ont blessés des dizaines de personnes, dont une femme enceinte. Par ailleurs, des grenades cataplexiantes (incapacitantes) ont semé la terreur dans tous le quartier.
L’intervention a eu lieu alors qu’il n’y avait aucune manifestation, aucun rassemblement ni dans le parc Gezi, ni sur la place. C’était un samedi ordinaire et les habitants étaient venu avec leurs enfants pour prendre l’air dans ce parc.
Cette intervention a été faite hier à partir de 19h40 alors que la Plateforme de Taksim avait annoncé à 11h00 le retrait pacifique des occupants du parc dès lundi.
Les affrontements ont duré jusqu’au petit matin, j’étais coincé entre les barricades et la police. Je me suis réfugiée dans un passage commerçant, la police a même lancé le gaz à l’intérieur de tous ces passages où les gens s’étaient réfugiés. J’ai été gazée, et j’ai vu des gens tomber comme des mouches sur la rue Istiklal.
Des milliers ont afflué de tous les quartiers d’Istanbul pour venir en soutien à Gezi Park et les manifestants. La municipalité a annulé tous les transports en commun dès 11h00 pour empêcher cela mais les gens sont passé de la rive asiatique en marchant sur les ponts du Bosphore. La police a gazé ces gens à pied sur le pont même, sans leur laisser une issue de sortie, sauf peut-être de se jeter par le pont.
Les hôtels qui ont accueilli les gens blessés ont été gazés de l’intérieur. Les touristes ont accueilli les blessés dans leur chambre d’hôtel mais ont subi également les violences car les lobby et réceptions, transformés en centre de soins médicaux, de ces hôtels ont été attaqués par la police. Ceci est un crime contre l’humanité, du jamais vu même dans les pays avec des régimes les plus répressifs.
Toute cette violence n’a pas arrêter le peuple qui s’est regroupé dans chaque quartier.
Nous ne connaissons pas exactement le nombre de blessés, mais nous savons qu’il y a plusieurs blessés dans un état grave, nous en sauront plus dans quelques heures.
Des centaines de gens blessés n’ont pas pu recevoir de soins médicaux car les forces de l’ordre ont interdit l’accès des ambulances à Taksim.
Aujourd’hui, Erdogan tient un meeting à Istanbul avec ses supporters, qu’il n’hésitera sans doute pas à lacher contre les résistants.
Les habitants des 70 villes du pays sont dans la rue aujourd’hui pour protester.
Des dizaines de milliers sont en train de marcher vers la place Taksim. La violence du pouvoir actuel contre ses citoyens doit être arrêter au plus vite.
Je vous demande de divulguer le message partout où vous pouvez. C’est vraiment très grave et cela va sans doute continuer.
La désinformation du pouvoir ne doit pas être relayée par les médias européens mais la vérité doit être entendue partout dans le monde.
Merci à tous de faire en sorte que l’information circule le plus vite et largement possible.
Ce dimanche 16 juin, nous nous attendons malheureusement à la suite des violences.
Defne Gursoy

Istanbul, 16 juin 2013, 11h00 (heure locale)

A propos Gilles Kuntz

Ancien conseiller municipal et d'agglo de Grenoble Habitant la Villeneuve Adhérent à Ensemble!
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