Comme d’autres grenoblois, je suis allé samedi matin voir passer les coureurs cyclistes du Tour de France à 200 m de chez moi vers l’avenue Jean Perrot. Sur la photo ci-contre, le coureur anglais Mark Cavendish porteur du maillot vert du meilleur sprinter et vainqueur de l’étape des Champs Elysées passe à la limite de Grenoble et d’Eybens en position de recherche de vitesse. Il devra attaquer après la montée de Tavernolles puis plus loin celle de Saint Martin d’Uriage où il sera moins à l’aise terminant à 8’35” du premier.
Comme beaucoup de Français, j’ai suivi depuis mon enfance cette épopée qui marque le début de l’été. A chaque fois que la “Grande Boucle” passait près de chez moi, j’allais voir la caravane et les coureurs qui souvent défilaient en quelques minutes devant nous. A l’époque, nous ne connaissions pas le dopage qui sévissait dans le peloton, mais était moins sophistiqué qu’aujourd’hui. On parlait bien du “pot belge” dans quelques brèves, sans que des contrôles puissent prouver quoi que ce soit. Des coureurs comme l’anglais Simpson sur les pentes du Ventoux y avaient pourtant déjà laissés leur vie. D’autres ont certainement eu leur vie écourtée comme Anquetil, Pantani ou Fignon l’an dernier.
Aujourd’hui après les scandales passés, personne ne peut nier que le cyclisme professionnel est en fait une course entre les tricheurs et les contrôleurs du dopage souvent impuissants devant des règlements qui permettent de se doper sur ordonnance pour soigner soi-disant de l’asthme. Avez-vous remarqué le nombre impressionnant d’asmathiques parmi les cyclistes professionnels ? Les prélèvements permis ne sont aussi pas suffisants. Pendant longtemps aucune prise de sang n’était par exemple effectuée. Des techniques de dopage incontrôlables aujourd’hui comme l’autotransfusion sont connues et pratiquées. Avez-vous remarqué que cette année le vainqueur du Tour de France 2010 Alberto Contador s’est refait une santé juste après la journée de repos pour se retrouver en difficulté deux jours après à l’Alpe d’Huez, les effets de ses traitements étant retombés ? Dans quelques jours le Tribunal Arbitral du Sport dira si le “vainqueur” du Tour 2010 subira on non le même sort que Floyd Landis déchu de son titre de 2006. S’il restait un doute, la lecture de l’article suivant du Monde paru le 14 juillet écrit par un repenti de l’équipe Festina dopée en 1998 “à l’insu de son plein gré” devrait le lever.
Que faire me direz-vous ? Déjà en parler au lieu d’entendre des commentateurs éluder la question ou même la nier. Une ville doit-elle se porter candidate à accueillir cette grande hypocrisie ? Cette année Grenoble aura payé 173 420 € à l’organisateur du Tour de France, la société Amaury Sport Organisation. Mais la contribution de la commune a été bien au delà avec la mise à disposition de personnels, de barrières sur des kilomètres et d’espaces publics privatisés pour l’occasion. Comme je l’ai dit en conseil municipal, il serait plus logique que la société Amaury paye les villes-étape pour leurs apports en nature plutôt que le contraire. Devant l’importance de cette animation pour la ville et malgré tout ce que j’ai écrit, cette année mon groupe s’est abstenu sur cette délibération, le contre la montre décisif pour le gain du Tour ayant exposé Grenoble dans le monde entier cette année.
Il n’en reste pas moins qu’il est grand temps d’agir pour la santé des coureurs souvent malgré eux et leur entourage.