Lycée Mounier : décryptage

Esprit de Mounier Membre du Conseil d’Administration du lycée Mounier depuis 2008, je pense venu le moment  de faire le point sur le dossier du lycée des quartiers Sud de Grenoble que d’aucuns veulent effacer de la carte scolaire.

Acte 1 : un lycée qui attend sa rénovation depuis des années
Malgré un délabrement visible, des protections contre les chutes de corniches et la surveillance d’une fissure qui serait apparue il y a bien longtemps puisque mes enfants l’ont connue dans les années 90 et que d’aucuns disent qu’elle remonte à la grande sécheresse de 1976, ce lycée est le dernier lycée de Grenoble à n’avoir pas été requalifié ou reconstruit par la Région. Les commissions de sécurité qui ont inspecté les bâtiments en 2005, 2007 et 2009 ont pris connaissance de ces désordres, mais ont néanmoins proposé un avis favorable à la poursuite de l’activité du lycée.

Acte 2 : un transfert de propriété avec une clause bien spéciale
En 2007, près de 20 ans après le transfert de compétences sur les lycées de l’État aux Régions, la Ville de Grenoble délibère pour régulariser la situation juridique de l’emprise du lycée Mounier en la transférant à la Région. Mais une clause prévoit le retour de cet ilôt de plus de 2 hectares à la Ville dans les six mois après la désaffectation scolaire… Un tel terrain avec un tram devant la porte attiserait-il les convoitises ?

Acte 3 : un maire qui rêve d’un “lycée pilote scientifique”
Dès 2009, le maire de Grenoble nomme sans avis de son conseil municipal un chargé de mission pour envisager la création d’un «projet Charpak» dans les quartiers Sud de Grenoble. Il ne parle à aucun moment du Lycée Mounier, mais à plusieurs reprises d’un autre site plus au Sud dans la future ZAC Flaubert. Il est question aussi de regrouper des collèges du secteur dans une «cité scolaire». Ses projets, dont celui d’un «internat d’excellence», font reporter le jury de sélection des architectes de la reconstruction qui devait siéger en février 2010.

Acte 4 : le Président du Conseil Régional annonce la fermeture
Fin septembre lors d’un CA extraordinaire du lycée, la Région annonce avec le Rectorat la fermeture de Mounier dès juin 2011 pour permettre sa démolition en mettant en avant la sécurité. Des capteurs ont même été installés pour renseigner sur « l‘évolution des fissures minute par minute ». Mais aucune des expertises fournies ou menées à la demande du collectif Mounier n’indique un danger à moins de 5 ans… Devant la mobilisation des parents, des enseignants et des lycéens largement soutenue par la population, Jean-Jacques Queyranne finit par écrire le 25 novembre au Recteur que les lycéens de Mounier finiront leur scolarité dans le lycée, mais qu’aucun nouvel élève ne sera admis en seconde à la rentrée. Il nomme des médiateurs, anciens proviseurs, pour lui faire des propositions après avoir écouté toutes les parties.

Acte 5 : le Recteur n’attend pas pour redéployer les classes et le Président de Région tergiverse
Mandaté par son ministre pour faire des économies et pouvant prétendre à une prime de 22 000 € s’il est un élève-modèle, le recteur n’attend pas les résultats de la médiation et s’appuyant sur la lettre du 25 novembre organise la rentrée 2011 comme s’il s’agissait d’une affaire conclue. Les médiateurs rendent leur rapport public le 11 janvier : ils préconisent le maintien du maximum d’options en seconde à Mounier, ce qui maintient sur place au moins trois secondes et la continuité éducative sur le site du lycée pendant les travaux de reconstruction à côté du bâtiment principal conservé. De son côté Jean-Jacques Queyranne finit par prendre acte du rapport des médiateurs, mais laisse le recteur décider de l’affectation des classes, alors que la région est maître de la carte scolaire et doit communiquer celle-ci à l’Etat.

La suite sera écrite dans les prochains jours, mais la mobilisation des Mounier ne faiblit pas. Ils arrivent à pénétrer dans la salle du Conseil Régional lors des vœux du Président et organisent des actions de plus en plus réussies, comme des danses et le dessin d’un cœur symbole de la lutte sous les fenêtres du Recteur. Le blocage du lycée est voté depuis ce vendredi et devrait durer jusqu’à mercredi au moins.

Pendant ce temps le député-maire de Grenoble annonce avoir demandé un rendez-vous au ministre… Va t-il enfin montrer que son cumul de mandat sert sa ville ?

A propos Gilles Kuntz

Ancien conseiller municipal et d'agglo de Grenoble Habitant la Villeneuve Adhérent à Ensemble!
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3 réponses à Lycée Mounier : décryptage

  1. pierre dit :

    il a pas demandé mais obtenu un rendez vous avec le ministre !

  2. Gilles Kuntz dit :

    Rectification :
    Je n’avais pas tort : Michel Destot a demandé mais pas obtenu un rendez-vous avec le ministre Luc Chatel. Il rencontrera mercredi 2 février son directeur de cabinet. Il l’annonce lui même sur son blog http://www.micheldestot.fr/ville-grenoble/avenir-du-lycee-mounier/

  3. Gilles Kuntz dit :

    Info en direct du CAEN du lundi 7 février 15h : 3 classes de secondes seraient maintenues à Mounier à la rentrée 2011.. A confirmer.

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